Hello, hello, je suis contente de vous retrouver pour vous partager un article plutôt spécial ! J’avais très envie de lancer une nouvelle catégorie sur le blog, toujours dans cette idée de mettre des femmes inspirantes en avant. Il y a un mois j’ai terminé le deuxième tome du livre illustré « Les culottées » de Pénélope Bagieu (qui était excellent soit-disant passant) et je suis tombée sur l’histoire de Nellie Bly. Elle m’a tout de suite parlé et passionné tellement je la trouvais incroyable. Je me suis dis que vous partager l’histoire d’une femme badass chaque mois pouvait être intéressant. Avec cette nouvelle catégorie je me sens un peu comme une journaliste et j’adore ça haha ! J’espère que vous aimerez ce nouvel article.
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Dans cet article je ne vais pas aller dans les détails de sa vie perso, mais surtout m’intéresser à sa vie professionnelle, parce-qu’elle en vaut vraiment la peine !
Féministe avant l’heure
Vous devez vous en doutez, mais la place de la femme dans la société du 19ème siècle – début 20ème n’était pas ce qu’il y avait de plus flatteur. Et c’est pourquoi l’histoire de Nellie Bly est super intéréssante, parce-que elle a osé franchir les barrières que lui imposaient le patriarcat. Bien trop souvent considérées comme juste des mères ou des épouses, les femmes devaient rester à leur place, et de la place, elles en avaient pas beaucoup. C’était sans compter l’ambition de la jeune Nellie…
Installée à Pittsburgh au début des années 1880, la jeune femme se permet d’envoyer, sous le pseudonyme « Lonely Orphan Girl« une lettre bien salée au rédacteur en chef du journal local (the Pittsburgh Dispatch) , George Madden pour souligner le sexisme dont fait preuve la rubrique « What Girls Are Good For« . Cette rubrique souligne sans vraiment de surprises que les femmes ne sont bonnes qu’à donner naissance et à être maîtresses de maison. La lettre de Nellie était si bien écrite et bien tournée que le rédacteur a voulu la rencontrer et lui a alors proposé d’écrire un papier pour son journal en mode « tu sais écrire ? ah ouais bah prouve le ». Elle a accepté et a écrit son premier article sur les manières dont le divorce pouvait affecter les femmes et s’est même permise de plaider pour une réforme des lois. George Madden, impressionné, lui a offert un travail à plein temps. C‘est à ce moment que le nom de « Nellie Bly » fit son apparition puisque à l’époque un nom d’emprunt était requis pour les femmes qui écrivaient. C’était principalement pour protéger la famille des critiques (et oui, on en était la!)
Anecdote : Ce pseudonyme vient d’une chanson très connue de Stephen Foster dont Nelly Bly est le titre. Madden s’est trompé dans l’orthographe du prénom, l’écrivant »Nellie« , cette erreur restera !
Nellie n’hésitait pas à prendre des risques pour écrire ses papiers, mais bien sûr ce n’était pas bien vu par ceux qui étaient concernés. Elle s’était intéressée à la vie des femmes travailleuses dans des usines et le journal reçut des plaintes pour ça ! Madden, ne voulant pas s’attiser les foudres de l’élite de Pittsburg l’assigna aux pages pour les femmes, c’est à dire qu’elle couvrait les trucs « » » »réservés » » » » aux femmes, c’est à dire la mode, la société et le jardinage.
Vous vous douterez que cette place ne lui plut pas et donc pour contrer cet ennui elle se fit envoyer au Mexique entant que correspondante étrangère. A seulement 21 ans (bientôt mon âge wow) elle voulait absolument être celle qui ferait quelque chose qu’aucune autre femme n’avait fait auparavant. Elle n’y resta que 6 mois (elle décrit son expérience dans le livre « 6 mois au Mexique« ) mais réussit tout de même à se faire menacer d’être arrêtée pour avoir contesté l’emprisonnement d’un journaliste Mexicain qui avait osé critiquer le gouvernement. Ce dernier était sous la dictature de Porfirio Díaz (jamais une bonne idée de titiller un dictateur). Une fois de retour chez elle, elle ne se gêna pas pour accuser Díaz d’être un homme tyrannique ! Bon là, elle pouvait se le permettre mais quand même, il fallait avoir l’audace.
La naissance d’une folle carrière
Après son retour elle resta encore quelques années au Pittsburgh Dispatch, on peut dire qu’elle était saoulée et décida de drop the mic et partir pour de nouvelles aventures. Sa destination fut New York (in New Yoooooork concrete jungle where dreams are made of, there’s nothing you can’t do), pensant qu’ils seraient un peu plus ouverts d’esprit…mais beaucoup de portes restèrent fermées parce-que elle était : une femme. Mais, oui parce-que heureusement il y a un mais, elle finit par atterrir dans les bureaux du célèbre Joseph Pulitzer (qui donnera son nom au fameux prix) détenteur du journal New York World.
C’est au service de ce journal qu’elle commencera véritablement sa carrière d’investigatrice. Et on peut dire qu’elle commence très fort…Elle va feindre la folie (un vrai rôle de composition) pour se faire interner dans le « Women’s Lunatic Asylum« (asile psychiatrique) se trouvant sur l’île de Blackwell et ainsi enquêter de l’intérieur sur les conditions de vie là-bas. Je ne sais pas vous mais je n’aurais jamais eu le courage. Surtout qu’elle a du vraiment tout faire pour se faire passer par une malade psychiatrique. Après s’être fait examinée par un policier, un juge et un médecin elle a finalement été interné dans cet asile.
A l’issu de cette infiltration qui dura dix jour, Nellie Bly put se rendre compte des conditions déplorables dont souffraient les patientes. Par la suite, elle fit même un livre de ses articles « Ten Days in a Mad-House » qui suscita beaucoup de réactions. Vous pouvez trouvez une version française ici. L’asile dut même prendre des mesures pour améliorer les traitements à l’intérieur de l’établissement. Grâce à cette investigation, elle commença à se faire un nom. Et elle ne s’arrêtera d’ailleurs pas en si bon chemin, continuant à soulever des problèmes de société (surtout concernant les femmes) qui dérangent.
Le début du voyage
En 1888, elle suggère à son rédacteur de faire voyage, mais pas n’importe lequel mesdames et messieurs, non, Nellie veut accomplir une première (oui encore), elle veut faire du roman de Jules Verne « Le tour du monde en 80 jours » une réalité ! Rien que ça ! En vérité elle avait deux buts concernant ce voyage. Le premier était de battre carrément le record du protagoniste de Verne, Phileas Fogg, le second était évidemment de prouver que les femmes étaient tout aussi capables de voyager que les hommes.
C’est un an plus tard, en 1889, le 14 novembre précisément qu’elle embarque sur le Augusta Victoria, un bateau à vapeur et démarre son voyage de 40 070 kilomètres.
La jeune journaliste voyage léger, emmenant juste la robe qu’elle porte, un manteau et un petit sac de voyage. Par cette attitude elle veut contrer le stéréotype de la femme qui ne peut pas se déplacer sans 1000 bagages.
Meanwhile…
Le magazine Cosmopolitan décide la jouer vicieuse et finance eux aussi leur propre journaliste, Elizabeth Bisland pour battre et le record de Phileas Fogg et également celui de Nellie. La concurrente emprunte le chemin inverse de celui de Nellie mais part le même jour. Nellie apprendra l’existence de cette supposée rivale seulement quand elle atteindra Hong Kong mais clairement, ce n’était pas son problème.
« I would not race, » she said. « If someone else wants to do the trip in less time, that is their concern. »- Nelly Bly
*Je ne ferais pas la course, dit-elle. Si quelqu’un d’autre veut faire ce voyage en moins de temps, c’est son soucis.
Cet évènement qui avait pour première intention de clouer le bec aux misogynes, est devenu une sorte de business. Le magazine « World » organisa le « Nellie Bly Guessing Match ». Le but était de faire participer les lecteurs en leur demandant d’estimer le nombre de temps que son tour du monde prendrait, et ça, à la seconde près. La récompense était une belle somme d’argent dans le but de faire un beau voyage en Europe.
Rencontrer Jules Verne…
Ce qui va évidemment marquer les esprits est sa rencontre avec Jules Verne lors de son passage en France. C’est à Amiens que le créateur de Phileas Fogg et la journaliste/aventurière/féministe se rencontrent. Bien que la jeune femme soit pressée par le temps, elle prit le temps de savourer un verre de vin avec l’écrivain. Ils parlèrent de voyage, d’écriture et bien sûr, de Phileas Fogg. Jules Verne lui souhaite bonne chance et ajoutera
Si vous le faites en 79 jours, je vous applaudirai des deux mains.
La fin du voyage
Après avoir fait la Chine, le Japon, le Sri Lanka et bien d’autres pays, et en ayant connu quelques contretemps en raison des moyens de transport plutôt précaires dans certains pays, Nellie se mit en route pour rentrer chez elle. A cause d’un temps désastreux durant sa traversée du Pacifique, elle arriva à San Francisco sur le bateau White Star Line le 21 janvier 1890, avec deux jours de retard sur son programme. N’étant pas arrivée tout à fait chez elle, Pulitzer lui même, mit à la disposition de Nellie, un train privé pour la ramener dans le New Jersey. Son arrivée officielle sera le 25 janvier 1890 a 15h51.
Après un peu plus de 72 jours depuis son départ de Hoboken, Nellie était de retour à New York.
72 jours, 6 heures, 11 minutes et 14 secondes.
Son « adversaire », Bisland était encore entrain de traverser l’Atlantique quand Nellie Bly est revenu à New York. Malgré les efforts de Bisland, Nellie fut sacrée détentrice d’un record du monde. Bien qu’il fut amélioré un peu après, Nellie Bly resta bel et bien la première FEMME à voyager en solitaire.
Jules Verne et sa femme la félicitèrent par télégramme dès son arrivée, le pari était réussi.
Sa vie après le tour du monde
Après son retour elle a fait une sorte de tournée dans le pays en tant que conférencière. Elle avait un grand succès et son nom et son image étaient utilisés sur des cartes et des jeux de société. Elle raconte tout dans son livre « Around The World in 17 days« , que vous pouvez trouvez ici.
Célèbre, Nellie quitte également la rédaction du New York World pour y revenir en 1893 ou elle rencontre l’anarchiste Emma Goldman et la militante Susan B. Anthony. En 1895 elle épouse le millionaire Robert Seaman, possédant la Iron Clad Manufacturing Co. Il est de 42 ans son aîné (yerk). A son décès, en 1904 elle reprend l’entreprise et l’améliore en tout points mais à cause de certaines magouilles du directeur d’usine, elle mettra la clé sous la porte en 1899. Elle se tournera alors vers sa vraie passion : le journalisme.
Et forcément s’il y a un sujet à couvrir à cette époque c’est la première guerre mondiale. Elle écrit des histoires sur le front oriental de l’Europe. Elle fut la première femme à visiter la zone de guerre entre la Serbie et l’Autriche et fut même arrêté, étant prise pour une espionne britannique ! Sa vie ne cessa jamais d’être ponctuée de mésaventures.

Après une carrière bien remplie, impressionnante et inspirante, une pneumonie emporte Nellie Bly en 1922 à l’âge de 57 ans.
Voilà pour l’histoire d’une vie absolument passionnante que je voulais partager avec vous. J’ai mis pas mal de temps à écrire cet article parce-que je voulais essayer de ne pas faire un copier/coller de Wikipédia (même si ça n’a pas été ma seule source) et surtout que ce ne soit pas chiant à lire malgré la longueur… Vous me direz ce que vous en avez pensé ! J’aurais aimé faire une version anglaise mais j’avoue que je manque de temps pour le moment.
See you soon x
Diane
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